05-Ultra-6000D 2009

Samedi 24 juillet 2009,

Plagne Bellecote réveil 2h40, j’enfile ma tenue de course, j’avale un café, une tartine et direction Aime et la ligne de départ de l’Ultra 6000D. C’est un nouveau défi qui à priori est jouable, c’est moins long que La Diagonale ou l’UTMB mais les barrières horaires sont aussi plus courtes : 26heures maxi. Et puis je me suis aussi fixé un objectif, pas seulement celui de finir, c’est un minimum, mais j’espère le faire en moins de 20heures. C’est un peu ambitieux, compte tenu des soucis, luxation de l’épaule, il y a peu de temps.

sur la ligne de départLe contrôle des sacs, avec le matériel de sécurité imposé, était prévu pour 3h45 avec briefing à 4h15, nous attendons en réalité jusqu’à 4h30pour le contrôle et l’entrée dans le sas de départ.

En attendant, je ressens la double pression, celle de l’objectif que je me suis fixé et celle que représente les supporters qui m’accompagnent. En effet, ils sont 6 à avoir fait le déplacement à La Plagne et je me dois de ne pas les décevoir. J’ai peu et mal dormi, à cause de maux de tête et j’appréhende un peu ce début de course.

Enfin c’est parti, les premiers km, route et chemins, sont très roulants, c’est un bon échauffement. Mais rapidement le sentier attaque la pente pour monter vers Montalbert et la file des coureurs s’étire. J’alterne course sur les quelques replats et marche rapide dans les parties pentues. J’ai sorti les bâtons du sac. C’est la première course ou j’utilise des bâtons et je n’ai que 2 petits entraînements au Mont Dore avec ces accessoires. En effet, ils ne sont utiles que dans les parties en pente, le reste du temps je les porte. Malgré mon peu de pratique, je me sens bien avec. J’adapte la poussée des bras et le rythme selon le terrain. Je sens bien que cela soulage le dos et les cuisses.

26ème km, après 3h36 de course, le premier ravitaillement, j’ai entamé une grosse barre premier ravitaillementénergétique et bu presque toute ma poche à eau. Je retrouve mes supporters, je complète mon sac avec quelques gels et barres énergétiques et c’est reparti. Belle montée, avec un bon rythme sur la Chapelle du Bozelet et superbe descente sur Champagny, assez technique. Je l’avale plein pot et je me fais vraiment plaisir sur ce petit sentier qui zigzague sous les arbres avec de grosses pierres et des racines. Habituellement, je me sens bien sur ce genre d’exercice, mais l’aide des bâtons me permet de gagner encore de la vitesse et de plus amorti un peu les chocs.

A Champagny, je me sens bien, les jambes tournent rond, je suis dans les temps pour faire 17heures… Coté alimentation, mon rythme de grignotage de barres et de gels a l’air bon. Le soleil commence à taper, je me couvre la tête.

Au 2ème ravitaillement, km47 Déception, il n’ya que du sucré : fruits secs, barres de céréales, pain d’épice, … J’aurais souhaité un peu de salé pour varier ; le sel évite en partie la déshydratation.

ultra-6000D 2009C’est reparti malgré tout, une longue montée tranquille en fond de vallée puis la pente se redresse et j’attaque la montée sur le col du Palet. Je profite du passage au refuge des Glières pour une petite pause hydratation et WC.

La montée au col du Palet est très longue, j’arrive à maintenir un certain rythme de marche rapide, mais je ne cours presque pas, il ne faut pas que je m’explose là. J’essaie de relancer sur les rares faux plats ; je jette un coup d’œil à la marmotte qui siffle sur son rocher et j’admire quand même le paysage magnifique.

Enfin le col, une petite descente et c’est le refuge du col du Palet, juste un pointage, mais j’en profite pour remplir ma poche à eau et m’asseoir quelques minutes. J’ai du mal à manger mes « provisions », je n’ai que des barres ou des gels hyper-glucidiques et mon estomac ne veut plus de sucre. Pourtant il faut que j’absorbe quelques calories, j’ai bien senti pendant la montée que je frisais l’hypoglycémie.

Ces quelques minutes de pause m’ont fait du bien et j’attaque la descente « plein pot », enfin surement pas aussi vite que les premiers, qui sont peut être déjà arrivés. Cette descente est agréable et variée, avec franchissement d’un troupeau de vaches qui squatte le chemin. La fin de la descente, par contre, me parait aussi longue que celle de la montée.

Un long faux plat avant le ravitaillement tant attendu… et ô bonheur, il y a de la soupe, un bon potage au vermicelle. Après deux grands gobelets, je rentre dans le gite et je vais m’allonger sur un lit dans le coin des kinés et secouriste. Mes pieds sont en meilleur état que ceux de mon voisin ; le podologue a du travail. Je demande à être réveillé dans 10 minutes, mais je ne parviens pas à dormir et je me relève tout seul. Je repars en trottinant jusqu’à la première montée vers le Sauget. Là je prends un rythme de croisière que je pense rapide, mais je m’aperçois que je n’avance pas si vite. Les 2 concurrents que je vois 50m devant moi ne me paraissent pas rapides et pourtant l’intervalle qui nous sépare ne diminue pas. Pire, je me fais rattraper et dépasser sans pouvoir m’accrocher au passage. Le moral un peu abattu, je décide de continuer à mon rythme sans m’occuper des autres.

Contrôle « Plan Bois », l’Arpette dans 5kms et …600m de dénivelé. J’ai complètement abandonné l’idée d’aller vite, je monte « tranquille » en soufflant bien et j’essaye d’économiser ce qui me reste d’énergie, la course n’est pas finie.

Une silhouette immobile là haut, un photographe ? enfin le col ? … en m’approchant je m’aperçois que c’est un caméraman ; si il veut voir un coureur à la peine, qui marche, il vat être servi. « Le sommet dans 5mn… » « merci ! ». En fait de 5mn, c’est plutôt de 10 ou 15, mais j’en ai fini des grosses montées. J’ai enfilé le coupe-vent avant de basculer sur Belle Plagne. Je dévale « plein pot » ce qui doit être une piste de ski l’hiver. Ça fait du bien de galoper un peu, même si je sens bien que je suis au bout du rouleau. Une demi-barre et un gel énergétiques, c’est trop juste pour la quantité d’effort, mais le gout du sucre me donne plutôt envie de vomir.

Virginie et William m’attendent quelques centaines de mètres avant le ravitaillement de Plagne Bellecôte où je retrouve le reste de mes supporters. Je m’allonge par terre, des secouristes s’inquiètent de mon état ; apparemment, ça doit se voir que je ne suis pas bien. J’arrive à grignoter quelques fruits secs, le morceau de fromage ne veut pas passer, je prends le temps de boire et j’essais de me détendre un peu. Les bénévoles du stand et mes supporters m’encouragent « allez, plus que 18kms, ça descend… ».

Je repars, mon objectif des 20heures s’est surement envolé. Je consulte quand même mon tableau de marche et ma montre en sortant du village avec Nini et William et … « Je peux encore finir dans les 20heures, on se retrouve en bas pour 1h00 du matin ! » Les enfants m’encouragent une dernière fois et je plonge vers la vallée.

J’ai retrouvé un peu de hargne, la volonté d’en finir et de rentrer dans le temps espéré. En courant je refais mes calculs et je me dis que ce n’est pas possible, il doit rester plus de 18kms… Je demande à un poste de pointage qui me confirme cette distance. Cela me réconforte et je dévale « à fond » le dénivelé négatif. J’arrive même à courir un peu lors des « faux plats » et de quelques remontées. Je remets la lampe frontale, il ne s’agit pas de s’écarter du chemin. Je suis seul à ce rythme et je rattrape de nombreux concurrents qui finissent tranquillement. Rester concentré sur le mètre de sentier devant les pieds ; la descente est assez technique, racines, pierres, virages parfois serrés, … tout dévaler, vite, sans se relâcher.

Un peu de bitume, je garde le pied au plancher en entrant dans Montchavin, c’est le 5ème et dernier ravitaillement. « Arrivée à 9,7km ! » J’avale une poignée de raisins secs, un verre d’eau et je repars en courant, avec un autre concurrent. J’ai à peine le temps d’apprécier ce joli village, nous passons entre 2 rangées de grosses torches, avec de nombreux spectateurs qui nous encouragent. Raison de plus pour appuyer sur l’accélérateur ; avec mon coéquipier du moment, nous rattrapons encore quelques coureurs. J’apprends que c’est un moniteur de ski de La Plagne … un bon point pour moi, il connait bien les chemins. Je m’accroche pour ne pas me faire distancer. En courant, il sort son portable et téléphone à sa femme « j’arrive dans 50mn… » Un coup d’œil à ma montre, cette fois je commence vraiment à y croire ; je suis même en avance sur mon tableau. Le bitume … nous entrons dans Aime, la dernière ligne droite, le photographe habituel, la ligne d’arrivée… le bonheur !!!

19h09 de course, 50mn d’avance sur mes prévisions et mes supporters ne sont pas là. La tension est tombée d’un seul coup et au ravitaillement, je m’assois à même le trottoir. A nouveau des secouristes s’approchent ; décidément je dois avoir une sale tronche car ils ont l’air de s’inquiéter de ma santé. Je prends un 2ème bol de soupe brulante et accepte de m’allonger sur un de leurs brancards. De toute façon il faut que j’attende mes accompagnateurs. Ils sont surpris de me voir déjà arrivé. Pour la forme et pour la photo je repasse la ligne d’arrivée. Embrassades… je suis heureux d’être dans les bras de ma fille pour une occasion aussi superbe que celle là.

L’Ultra 6000D une course magnifique de plus dans mes souvenirs !

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